Le partage d’expérience, levier de l’égalité homme-femme

Tous les matins à 7 heures pétantes, le célèbre PPC reçoit sur son podcast MGMT - Management nouvelle génération- une personnalité du monde économique pour aborder un sujet d’actualité.

Cette semaine, il était question de youWan dans le cadre d’un sujet sur l’égalité au travail.
Notre fondatrice, Marie-Laure Hubert Nasser, était son invitée.

Avant même de lancer son interview, PPC fait toujours un tour d’horizon en posant des questions à ChatGPT, le robot capable de tenir une conversation en ligne comme un humain ou presque sur n’importe quel sujet ! ChatGPT a donc rendu son verdict sur la question “ Comment lutter contre les égalités de genre ? ”. Les réponses proposées, il faut le reconnaître, sont pertinentes :

1- orienter la législation et les politiques publiques et interdire les discriminations fondées sur le genre

2- éduquer et sensibiliser sur l’importance de l’égalité dans les écoles et universités

3- imposer systématiquement : à travail égal, salaire égal

4- imposer une représentation égale dans les postes de leadership et de décision

5- organiser des services et infrastructures qui répondent aux besoins spécifiques des femmes (soins de santé et moyens de garde des enfants)

6- s’assurer que les moyens mis en place le soient de façon inclusive et sensible aux différences de genre en tenant compte des différentes façons dont les femmes peuvent être discriminées en fonction de leurs âges, races, origines ethniques, orientations sexuelles, statuts socio-économiques …

Pour compléter ce tour de piste des idées qu’il faut mettre en place, il interroge, “en quête d’une intelligence bien humaine”, fondatrice de YouWan, Marie-Laure Hubert Nasser.

Pourquoi cet engagement pour les femmes ?

Parce que nous sommes 52% de femmes sur la planète et nous sommes toujours considérées comme une minorité ! Et ces observations, je les ai notées dès mon enfance. Or, il faut le reconnaître, une société contemporaine traite son vivant à égalité ! Et le traitement du vivant est une histoire contrariée de générations en générations… Partager nos avis et innover ensemble semble une évidence. Et par dessus tout, j’ai des filles et je pense toujours à la société que je souhaite leur laisser.

Pourquoi youWan ? Et depuis quand ?

Nous venons de fêter nos 1 an et donc plus de 2 ans de travail ! L’idée de cette plateforme de formation nous vient des femmes, de leurs besoins.

J’ai autrefois organisé de grandes manifestations au féminin. Les femmes venaient en nombre pour rencontrer des rôles modèles, s’inspirer et apprendre. Et lorsqu’elles échangeaient entre elles, quelque soit leur niveau de fonction, elles se racontaient les mêmes histoires de confiance, de complexité dans le management, de freins pour affirmer leur leadership… Et à l’évidence, ce n’était pas une participation à 2 jours d’évènements par an qui allait réellement changer leur vie… Même si l’on peut considérer que la petite graine de “ l’empowerment ” était plantée.

Lorsque nous avons pensé YouWan, nous avions une certitude, il fallait confier à des femmes et des hommes la mission de transmettre leurs savoirs. Inventer en quelque sorte l’école des femmes du 21ème siècle !

Une expérience personnalisée pour toutes ?

Nous sortions du covid, où nous avions tous consommé des MOOC, webinaire et autres rencontres en ligne. Nous voulions du vivant mais accessible pour toutes.

• Comment imaginer un tête-à-tête avec Mercedes Erra, la patronne de BETC et d’autres femmes reconnues dans leur domaine et inspirantes ?
• Comment parler de leur expérience, transmettre leur savoir largement.
• Comment accéder à une formation à grande échelle qui soit en même temps spécifique pour chacune, car nous le savons bien, nous sommes différentes et avons des besoins variés !
• Comment conduire les femmes à apprendre, lire, creuser, se faire coacher si besoin.

Nous voulions être une startup à impact et nous avons créé un programme à l’accès simple pour toutes les femmes.

Puis nous avons travaillé un programme spécifique pour les entreprises, pour leur permettre de faire d’évoluer à plus grande échelle.

De quoi y parle-t-on ?

Nos grands thèmes sont la confiance en soi. Soumia Malinbaum qui fait partie du top management de Keyrus et qui est Présidente de la CCI de Paris nous parle, par exemple, de son syndrome de l’imposture (mais aussi de son expérience dans les board) ! Forcément, après un tel aveu, nous nous sentons bien moins seules !

Nous parlons aussi management, leadership, réseaux.

Pendant leur carrière, les femmes bossent puis filent à la maison car sur le plan des chiffres, nous le savons bien, nous consacrons à la maison et aux enfants 1 heure 30 de travail supplémentaire par jour (en moyenne 3h30 de tâches domestiques à la maison pour les femmes contre 2 heures pour les hommes, selon l’Observatoire des inégalités).

Récemment, je faisais faire à des femmes un exercice sur la question des réseaux. Elles devaient remplir une grille en forme d’ escargot dans laquelle elles devaient placer des noms de personnes de leurs réseaux. Une femme m’a avouée qu’elle ne savait pas qui mettre dans la grille. Même pas une personne ! Une autre me confiait qu’elle n’avait jamais parlé carrière… Métier certes mais qu’elle ne s’était jamais sentie autorisée à se projeter. D’autres me parlaient du difficile équilibre vie pro-vie perso. On le sait, de nombreuses personnes sont en burn out !

Sources mars 2022 Empreinte humaine.

Nous abordons aussi les questions de santé des femmes : départ en maternité, endométriose règles douloureuses, femmes en situation d’aidantes, cancer…
Enfin, nous transmettons des savoirs-faire, des techniques incontournables dans une carrière : gestion des conflits, prise la parole en public, communication, gestion du temps, des émotions…

Qu’en pensent les entreprises ?

Elles sont conscientes que l’égalité peut apporter beaucoup sur le plan du business.

Certaines entreprises sont déjà prêtes. Elles ont mis en place des formations, du mentorat…

D’autres entreprises nous annoncent avoir créé un groupe féminin et elles nous confient leur premier plan de formation.

Chez Cultura par exemple, l’objectif est clair : 50% femmes à la tête des magasins. L’Index et la loi Rixain ont fait bouger les lignes.

Plus les groupes sont importants, plus cela rentre dans leur organisation. Tous ont créé des directions RSE, inclusion, diversité… Sur le plan du business, les résultats sont évidents.

Nous devons penser différemment. Le classement de la France sur ces questions n’est pas au top. Inclusion, handicap, mixité apportent de l’ intelligence aux entreprises et à la nation.
Un patron m’a dit récemment,

Qu’est- ce que les femmes peuvent faire de leur côté ?

Se former, être apprenante toute leur vie, travailler sur leurs réseaux et plus particulièrement sur la sororité. Il faut créer des cercles féminins dans lesquels elles peuvent avancer, pousser des organisations féminines à se rencontrer.

Il y a quelques jours, j’étais invitée à visiter un plateau de traiders dans une grande banque. 200 hommes 7 ou 8 filles. Un environnement ultra masculin où les femmes voudraient se former, se renforcer… Obtiendront-elles ce qu’elles demandent ? Rien n’est moins sûr.

Le mentorat est également très important pour les femmes. Il leur permet d’être accompagné. Les rôles-modèles sont nécessaires pour faire monter en puissance des femmes, pour inspirer les plus jeunes, pour permettre de pouvoir se référer à de belles personnalités.

Pas simple de citer des cheffes d’entreprise ! Si ? Et pourtant, il le faut pour que des jeunes femmes puissent affirmer : “ Demain je veux être comme elle”.